Quelles que soient les crises que traversent nos sociétés, il est une structure qui persiste avec une insistance remarquable depuis la nuit des temps, combinant la fixité de la cellule de base avec les variations infinies de ses applications, et dont les modalités ne cessent de s’étendre : cette structure de base, c’est la famille. Avec ses totems et ses tabous, qui se réinventent malgré ou grâce à ses impasses et à ses utopies. Mais alors comment la famille continue-t-elle d’exister, envers et contre tout ?
La famille n’est pas naturelle, elle n’est pas un fait biologique, elle est un fait social. C’est à ce titre qu’elle intéresse la psychanalyse, car s’y trouvent impliqués tous les registres de la formation de l’individu, du sujet humain devenu un corps parlant avec les mutations que le réel imprime sur notre époque. Lacan dès 1938, avait situé ces différents registres à partir des complexes identifiés par Freud, comme autant de formations de l’inconscient : le complexe de sevrage, le complexe d’intrusion, le complexe d’œdipe.
Le désir de famille, de faire famille se décline de différentes façons, et la capacité d’invention semble aujourd’hui infinie, si l’on en juge par les promesses de la science à cet égard. Un désir de transmission prévaut généralement à l’origine, transmission d’un savoir, de certains styles de vie regroupés dans ce qu’on appelle parfois une éducation, transmission par des identifications. Se transmettent également des modalités de jouissance singulières auxquelles on peut adhérer ou au contraire s’opposer. Il peut en découler parfois un grand désarroi, mais aussi une violence manifeste, ou secrète.
Qu’est-ce qu’un père, qu’est-ce qu’une mère, comment sait-on de qui on est l’enfant, que devient la filiation ? Comment se repérer dans l’identité sexuée ?
Ces questions seront mises au travail tout au long de l’année.
Références bibliographiques :
S. Freud Totem et Tabou
J. Lacan Les complexes familiaux
J. Lacan, « Note sur l’enfant », Autres écrits.
J.-A. Miller Lecture critique des « complexes familiaux », La Cause Freudienne, N°60 (2005), Les nouvelles utopie de la famille.
E. Laurent, L’enfant à l’envers des familles, La cause freudienne, N°65 (2007) La famille résidu.
Session 2020
Comment s'orienter dans la clinique
Des psychoses
Depuis le début de son enseignement, Lacan n’a jamais cessé de revenir sur la question des psychoses dans une conception articulée autour de la fonction paternelle et de la forclusion du Nom-du-Père.
Pour le clinicien le recours au diagnostic de psychose tend à s’imposer face à des manifestations bruyantes : mécanismes interprétatifs, syndrome dissociatif, production délirante...
Mais aujourd’hui de nouveaux phénomènes, parfois discrets, mettent le praticien dans l’embarras : agitation, troubles de l’humeur, trouble du langage, problématiques alimentaires ou sexuelles, difficultés sociales...
Pour nous orienter dans cette clinique récente, la catégorie dite des “ psychoses ordinaires “ est à même de nous aider. Celle-ci, isolée par Jacques-Alain Miller, établit une continuité entre névrose et psychose. Elle modifie profondément l’abord et la prise en charge de ces cas. C’est à partir des notions de nouage et de dénouage du corps avec le langage que cette approche clinique opère. Elle réserve une place importante à l’inventivité du sujet comme moyen singulier d’insertion dans un lien social, tant celui proposé par le discours analytique que celui rencontré au sein d’une institution.
Références bibliographiques :
J. Lacan, Le Séminaire livre III, Les psychoses, 1955-56, texte établi par J.-A. Miller, Seuil, Paris, 1981.
J. Lacan, Le Séminaire livre XXIII, Le sinthome, 1975-76, texte établi par J.-A. Miller, Seuil, Paris, 2005.
Comment s’orienter dans la clinique, UFORCA, sous la direction de J.-A. Miller, Le Paon, Le champ freudien éditeur, 2018.
La psychose ordinaire, La convention d’Antibes, sous la direction de J.-A. Miller, 2005, rééd. Navarin éditeur, 2019.
Revue Quarto N°94/95, Retour sur la psychose ordinaire, 2009.
DATES DES MATINEES
Enseignement théorique de 9h à 11h
Jeudi 9 janvier 2020
Des psychoses... Patricia Wartelle
Délire et folie, Folie sans délire Mathilde Barrier
Jeudi 6 février 2020
Phénomènes de corps
Morcellement, dépersonnalisation Catherine Stef
Nouage, dénouage Hélène Mention
Jeudi 12 mars 2020
La relation d’objet
Débordement, envahissement Mathilde Barrier
Débranchement, rebranchement Laurence Fournier
Jeudi 9 avril 2020
Formules du fantasme
deux exemples cliniques
Le cas Schreber Pierre Delengaigne
Un cas de psychose ordinaire Laurence Fournier
Jeudi 14 mai 2020
Projection d’un entretien clinique
Commentaire et discussion P. Wartelle, P. Delengaigne
Jeudi 11 juin 2020
Travail en institution
Modalités du transfert Hélène Mention
Inventions du sujet Catherine Stef
De 11h à 13 h
Enseignement clinique à partir d'exposés des participants
Jeudi 15 Octobre 2020 En la présence et avec une conférence de Daniel Pasqualin, A.E. (novembre
2016), psychanalyste, membre de l’ECF, directeur de La Coursive, enseignant à l’Antenne clinique de Liège.
Session 2019
Comment s’orienter dans la clinique
Symptômes en temps de crise, qu'en faire ?
Malaise dans la civilisation inaugurait déjà Freud, désordre dans le Réel au XXIᵉ siècle pointe Jacques-Alain Miller. Dans une société en crise, en cons-tante mutation, et pour laquelle les idéaux et les traditions qui la régissaient ne fonctionnent plus, le sujet se met en appétit mais ne s’y retrouve plus ! Sujets rivés à leurs écrans sur fond de jouissance arrimée aux objets connec-tés, addictions diverses, enfants violents, les discours de la science et du capitalisme ouvrent sur un réel qui déroute le sujet dans un pousse-au-jouir toujours plus contraignant.
La psychanalyse offre un autre discours. En s’orientant sur le réel du symptôme, c’est-à-dire de ce qui se loge au coeur du sujet, de ce qui lui est le plus intime, la psychanalyse permet au sujet de s’ouvrir à la vérité que recèle ce symptôme et de s’orienter sur la boussole de son désir.
Il ne s’agit plus de jouir toujours davantage, mais de s’affronter à la perte qui est aussi marque de vérité pour un sujet.
Le déclin de l’ordre symbolique introduit de nouvelles perspectives dans la manière d’envisager la clinique. L’étude du Séminaire de Lacan, L’Envers de la psychanalyse, permettra de nous repérer et d’étayer théoriquement un savoir-y-faire avec les symptômes de notre temps.
Programme des enseignements théoriques
10 janvier 2019 la clinique à l’épreuve
Présentation du Séminaire P. Wartelle
Les quatre discours C. Stef
07 février 2019 savoir, vérité, jouissance
Savoir, moyen de jouissance P. Delengaigne
Vérité, soeur de jouissance M. Barrier
14 mars 2019 au-delà du complexe d’oedipe
Les mythes freudiens H. Mention
Du mythe à la structure L. Fournier
25 avril 2019 l’envers de la vie contemporaine
Science et psychanalyse M. Barrier
Du discours à l’objet P. Delengaigne
16 mai 2019 science et politique
Impuissance ou impossible ? H. Mention
La liberté de désirer P. Wartelle
13 juin 2019 l’envers de la psychanalyse
Production de la honte L. Fournier
Symptômes en temps de crise, qu’en faire ? C. Stef
17 octobre 2019 Conversation clinique des Antennes à reims
Session 2018
Comment s’orienter dans la clinique ? Les usages du transfert
Comment nous orientons-nous dans la clinique et dans les institutions aujourd’hui ? A l’ère de la technoscience et du consumérisme, le lien à l’autre a pu être qualifié de liquide1, les caractéristiques de l’homme moderne seraient d’être sans liens, sans attaches. Le rapport à l’objet et au savoir s’en trouve modifié. Quelles en sont les conséquences dans le lien clinique ?
C’est par un retour à un des concepts fondamentaux de la psychanalyse; le transfert, désignant depuis Freud, le moteur et l’obstacle au travail analytique que nous aborderons ces questions. La complexité de la clinique sous transfert demande à en préciser le ressort.
Si le transfert est à l’œuvre dès qu’il y a lien social, Freud en propose un, inédit, celui que créé la psychanalyse dont le moteur est un amour véritable2. Lacan développe et précise ce point important en indiquant que les affects (amour, haine …) ne sont pas la simple réédition du lien du sujet à l’Autre de son histoire. Au-delà deux axes constituent le transfert : l’objet et le savoir. Quel est donc l’objet du transfert analytique ? Quel en est le savoir ?
S’intéresser au transfert c’est aussi se préoccuper de comment le clinicien répond à l’amour de transfert. Un débat crucial entre alors en jeu avec les tenants du contre-transfert, soit la somme des sentiments de l’analyste. Est-il l’instrument et la réponse adéquats ? Lacan en renouvelle l’approche à partir de la notion de présence de l’analyste en s’appuyant sur le désir et l’acte.
Enfin, que devient le transfert une fois le travail clinique terminé ? Est-il infini, liquidé, résolu ? La nécessité de savoir lire les usages du transfert relève de la position du clinicien, car si elle en conditionne l’entrée, elle en conditionne aussi la fin.
La lecture du séminaire de Lacan - Le transfert3 – orientera le travail clinique et théorique de cette année.
1 Bauman Z., L’amour liquide - De la fragilité des liens entre les hommes, Hachette littératures, 2004.
2 Freud S., Observations sur l’amour de transfert, 1915, in La technique psychanalytique, PUF, p. 126.
3 Lacan J. Le séminaire, Livre VIII. Seuil, édition juin 2001.
11.01.18 Au commencement était l’amour
Présentation du Séminaire J-M Dutilloy
Ressort de l’amour C. stef
15.02.18 Névrose et transfert
Demande et désir M. Barrier
Maniements du transfert P. Wartelle
15.03.18 Psychose et transfert
Pessimisme freudien H. Mention
Lacan : un traitement possible L. Fournier
19.04.18 Science et transfert
Le maitre et l’analyste C. Stef
Une clinique scientifique P. Wartelle
17.05.18 Le contre-transfert
La querelle du contre-transfert L. Fournier
Des usages du contre-transfert M. Barrier
14.06.18 Destins du transfert
Liquidation, transformation, résolution? J-M. Dutilloy
Ce qui reste… H. Mention
11.10.18 Journée d’étude - Amiens
Conférences : actualités cliniques
Session 2017
Demandes de guérison et promesses psy
Question éthique
Cette année l’enseignement théorique se fera à partir de la lecture du séminaire VII de Lacan L’Éthique de la psychanalyse (1).
Il est important de pouvoir accueillir la plainte de sujets pour qui «cela ne va pas» et qui viennent demander guérison.
Mais comment y répondre pour leur permettre de s’affronter à la cause de «ce qui cloche» sans laisser «s’adultérer le sens» (2) inconscient de leur demande ?
C’est une question éthique sur laquelle Lacan s’arrête dans le Séminaire VII.
Prenant appui sur Freud, il aborde pour la première fois la question de la jouissance et du réel et réfère, dés lors, la causalité au réel.
Interrogeant le rapport à la jouissance dans la philosophie, la religion et la science, Lacan propose une éthique du désir qui se distingue des idéaux moralisants de conduite.
L’éthique de la psychanalyse suppose de franchir la barrière du bien et du beau.
Nous explorerons la sublimation, l ’amour et la tragédie, et conclurons sur une finalité
de l’analyse : «ne pas céder sur son désir»...
(1) J. Lacan, Le Séminaire, livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, Seuil.
(2) ibid. p. 9
Programme
des enseignements théoriques
12 janvier 2017
Plaisir et réalité: éthique ou psychologie?
D’Aristote à Freud par Patricia Wartelle
Comment la réalité se constitue ? Laurence Fournier
9 février 2017
Entre perception et conscience
La limite de la douleur par Mathilde Barrier
L’érotique, nouvelle loi morale ? par Catherine Stef
9 mars 2017
La sublimation
Les fins de l’art par Hélène Mention
Entre esthétique et éthique par Catherine Stef
6 avril 2017
Le paradoxe du bonheur
L’amour du prochain par Mathilde Barrier
La jouissance de la transgression par Jean-Michel Dutilloy
11 mai 2017
Antigone, une victime si terriblement volontaire
L’éclat d’Antigone par Jean-Michel Dutilloy
La pulsion de mort illustrée par Patricia Wartelle
1er juin 2017
La psychanalyse, une boussole efficace
Demandes de guérison et promesses psy par Hélène Mention
As-tu agi en conformité avec ton désir ? par Laurence Fournie
22 Juin 2017
Journée d’étude à Reims